Tribune : Fêtes de Bayonne, pour une année blanche

Que reste-t-il de nos grandes Fêtes populaires que nous avons connues ? La course à la fréquentation, la volonté de faire « davantage » que les villes voisines (concurrentes dans l’attractivité touristique), nous conduisent dans le mur, à l’instar de l’édition 2023. Les Bayonnaises et les Bayonnais aiment les bandas, les penas, le corso, la musique vivante, les cultures basques et gasconnes. Le plaisir de se retrouver ensemble. On aimait leur dimension humaine, aujourd’hui perdue. 

Les Fêtes de Bayonne doivent être sauvées, nous, écologistes, y sommes attaché.e.s.

Excédés donc motivés 

Aujourd’hui, les Fêtes vont dans le mur : violences, alcoolisation massive, drogues dures, atmosphère machiste, la ville comme toilette publique, la saleté partout. Si les penas permettent un entre soi plus sécurisant, d’autres habitant.e.s fuient la ville. 

Des habitant.e.s excédés, mais qui s’emparent du problème, notamment à travers le collectif 2032 et la pétition de « citoyens bayonnais » demandant de repenser les Fêtes en profondeur, sans se limiter à des ajustements de détails, et à faire appel aux habitant.e.s. Toutes et tous refusent leur caractère de plus en plus commercial.

Déni et fuite en avant 

Le bilan officiel présenté est surréaliste. Il se veut basé sur des « faits et chiffres », sans doute en opposition à la subjectivité des critiques. Tout est à la hausse (on s’en douterait), mais tout s’est quand même bien passé pour la sécurité, les secours, la prévention, l’hygiène et la propreté. Les spectacles et animations, la musique vivante ont été des gros succès. La mort de Patrice Lanies, les violences multiples et sexistes, et l’impact environnemental n’existent pas dans ce bilan. 

Si l’augmentation de la fréquentation est reconnue (+ 20% depuis 2019), elle n’est pas vue comme un problème en soi, pour ne pas remettre en cause le marketing territorial, dont le sur-tourisme est une autre conséquence. 

Face à cela, il est proposé une extension du périmètre, source inévitable d’une nouvelle augmentation, ou encore un simple changement de dates. Rien qui ne puisse changer la trajectoire « toujours plus » des fêtes, à l’inverse d’une décroissance nécessaire.

Une année blanche en 2024 pour donner la parole aux habitant.e.s 

On arrête tout, on réfléchit, comme disait Gébé en 1970. 

Pour prendre le temps d’élaborer un nouveau modèle de Fêtes populaires, nous n’aurons pas trop d’une année blanche. Elle permettra aussi de « faire choc » pour tenter de dégonfler la participation sans avoir à compter sur l’image négative de l’édition 2023 dans la presse nationale. 

On ne saurait se contenter des « consultations » faites à la va-vite par la municipalité auprès des acteurs (économiques pour la plupart) des Fêtes de la commission extra-municipale des Fêtes (les mêmes plus des élus), à peine élargies aux quelques représentant.e.s des Conseils de Quartier. 

Une « Convention citoyenne pour les Fêtes de Bayonne », sur le modèle de la Convention pour le climat : son travail s’étalerait sur l’année, avec tirage au sort d’habitant.e.s, leur formation, l’audition de scientifiques (sociologues notamment) sur les problèmes soulevés. Tous les aspects des Fêtes y seront examinés, et des alternatives proposées pour les changer en profondeur, leur redonner un sens et un caractère populaire. 

Sans exclure une fête en 2024 (sur une journée) pour la conclusion des travaux et la présentation des grandes lignes de l’édition 2025...

Sophie Bussière, Conseillère régionale Nouvelle Aquitaine & Porte-parole EELV-Les Ecologistes 

Mixel Esteban, Conseiller municipal de Bayonne & Conseiller communautaire CAPB 

Les membres EELV-Les Ecologistes de Bayonne