Un projet anachronique en 2023 : le golf de Dax

communiqué de Presse
Eelv Landes
4 août 2023
L'enquête publique concernant ce projet se termine le 08/08/2023 (dossier sur le site du Grand Dax) .

Ce projet date de 2005, on peut s'interroger sur l'opportunité, pour le maire de Dax, de déclencher précipitamment une enquête publique pendant les vacances et les férias, peut-être à l'approche de la loi ZAN ( =Zéro Artificialisation Nette ) ? 

Il n'y a dans ce dossier aucun dispositif d'anticipation de l'augmentation des températures et de l'intensité des aléas climatiques. Les derniers rapports du GIEC montrent qu'il est nécessaire de changer rapidement les paradigmes concernant l'aménagement des territoires (atténuation et adaptation). 

En effet, ce projet ne préserve pas les puits de carbone : par rapport à la surface du projet (140 ha), 23,5 % sont des boisements détruits ou modifiés, 10,5 % sont des zones humides impactées, ce qui diminue la biodiversité.

  Le promoteur demande des dérogations aux règlements protégeant les espèces vivantes et leurs habitats. Or, une très grande majorité de scientifiques alertent sur la diminution rapide de la biodiversité. Un milieu détruit est irrémédiablement perdu, le concept de compensation concernant la nature est faux scientifiquement. 

De plus, il est prévu 57 ha de résidentiel, soit 40,7 % des 140 ha. Il faut y ajouter les dessertes, donc près de la moitié des sols sont plus ou moins artificialisés. 

L'arrosage du golf est prévu par l'utilisation des effluents des stations d'épuration de Dax et Tercis, or celles-ci ne peuvent éliminer tous les polluants qui vont se retrouver dans les sols et les cours d'eau. D'autre part, nous estimons que le volume d'eau nécessaire est sous-évalué. Par ailleurs, des fonds publics, qui devraient être consacrés à des projets d'intérêt général, seront affectés à un projet privé qui ne concernera qu'une petite partie de la population et génèrera peu d'emplois. 

Le projet SOBRIM - HARMANA est basé seulement sur des perspectives de développement économique qui nous apparaissent incertaines : les dérèglements climatiques, quand ils ne sont pas anticipés ruinent l'économie d'un territoire. 

Europe Ecologie les Verts Landes s'oppose à ce projet, comme il continue à s'opposer au projet du golf de Tosse. Les Landes ne sont-elles qu'une "fabrique" de golfs ? Eelv Landes

I - Projet anachronique : - Il est inadapté à l'accélération du réchauffement climatique et ses conséquences. - Le projet de la SOBRIM date de 2005 et aboutit actuellement à construire sur 140 ha, dont 57 ha de résidentiel, un golf de 18 trous (après la 2ème tranche). - Le PPRI ( = Plan de Prévention des Risques Inondation) de cette zone date de 2005 et devrait donc être mis à jour. Les avis des différentes autorités environnementales ont été émis en 2020-2021. - Il n'y a dans ce dossier aucun dispositif d'anticipation de l'augmentation des températures et de l'intensité des aléas climatiques Or les derniers rapports du GIEC montrent l'irréversibilité des ces phénomènes à l'échelle de plusieurs générations humaines. Il est donc nécessaire de changer les paradigmes concernant l'aménagement des territoires (atténuation et adaptation). 

II - Présentation des dossiers composant l'enquête publique : - La manière dont ils sont présentés est confuse, souvent absconse et redondante. Les personnes qui ne sont pas habituées à analyser des enquêtes publiques ont du mal à les appréhender. Cela était souligné par le commissaire enquêteur lors de la 1ère enquête publique. Nous pouvons observer qu'il n'y a aucune amélioration dans ce sens. - Le choix de la période d'ouverture de cette enquête ( vacances, férias ) ne facilite pas l'information et la participation de la population. - De plus, un dossier soumis à une étude d'impact doit prendre en compte l'ensemble du projet et ses incidences sur le milieu naturel. Ce saucissonnage est non seulement trompeur mais irrespectueux du citoyen contribuable. 

III - Quelques exemples de l'inadaptation de ce projet au contexte climatique actuel et à venir : 

1 - Préservation des puits de carbone. - Le site d'implantation comprend : des activités agricoles, des prairies, des zones humides et des boisements, avec les sols ce sont des puits de carbone. - Dans ce dossier, on ne trouve pas d'estimation comparée de la fonctionnalité "puits de carbone" entre l'état actuel (initial) et l'état final après réalisation du projet. 

2 - Préservation des boisements. - 11 ha de boisements sont détruits et 22 ha d'espaces boisés perdent leur vocation forestière, soir 23,5 % de la surface du projet. - Les défrichements sont compensés par de petites surfaces, disséminées sur les communes voisines. Or, un milieu détruit est irrémédiablement perdu, la notion de compensation concernant la nature est fausse scientifiquement. 

3 - Préservation des zones humides. - Sur le site, elles représentent 25 ha, dont 14,7 ha impactés, soit 10,5 % de la surface du projet. - Ce site se trouve dans la zone de confluence de l'Adour et du Leuy, proche des tourbières de Mées, de sites Natura 2000 et de la trame verte et bleue. De plus, il est traversé par 2 ruisseaux formant des talwegs au dénivelé important. 

4 - Préservation de la biodiversité. - Plusieurs ZNIEFF jouxtent l'implantation du projet. - Le diversité des milieux, donc de la flore, est gage de la variété des habitats pour les espèces animales. - Le promoteur demande des dérogations au titre de destruction d'espèces protégées (flore et faune) et d'habitats d'espèces protégées. Or, une très grande majorité de scientifiques alerte sur la diminution rapide de la biodiversité, due aux interventions humaines directes et indirectes (changements climatiques). - Faut-il voir une "compensation" dans la création d'un "sanctuaire des Abeilles", d'un "jardin mandala", d'une "ferme pédagogique", d'une zone de "permaculture" ? Nous estimons que c'est juste du greenwashing cosmétique pour faire passer le vrai objectif purement économique de ce projet. 

4 - Irrigation. - Les besoins en arrosage du golf sont estimés par le promoteur à 145 000 m3 /an. C'est un chiffre basés sur des données météo datant de quelques années et pas sur l'anticipation pour les décennies à venir. De plus, cette valeur nous parait sous-estimée (cf rapport sénatorial du 18 /05/2023 sur la consommation moyenne en eau d'un golf de 18 trous). - Il est prévu d'arroser le golf avec les effluents des stations d'épuration de Dax et de Tercis. Ces installations ne traitent pas les polluants chimiques comme les phosphates, les résidus de médicaments, les détergents ...Ceux-ci vont donc être présents dans les eaux d'irrigation, ce qui explique l'interdiction de jardins potagers en bordure de golf. Cependant, le risque de pollutions (sans oublier les effets cocktails) de la nappe phréatique et des cours d'eau ne pourra pas être évité. - Il n'est pas prévu de plan B si les stations d'épuration dysfonctionnent ou si le volume d'eau nécessaire est plus important que prévu. Y aura-t-il une alimentation par le réseau d'eau public ? 

6 - Artificialisation des sols. - Il est prévu 57 ha de résidentiel sur les 140 ha du projet, soit 40,7 % de cette surface, auquel il faut ajouter les dessertes de ce secteur. Cela représente une valeur importante d'artificialisation des sols, en grande partie imperméabilisés, ce qui impacte le cycle de l'eau (absorption de l'eau par le sol, ruissellement ...). - Ce projet contreviendra à la loi ZAN ( = Zéro Artificialisation Nette) quand elle sera appliquée, dans un court laps de temps. - Dans le dossier, il est mis en avant la construction de logements sociaux : sur 657 logements prévus, 116 seront des logements sociaux, soit 17,5 % du total seulement. - Dans les Landes, nous avons besoin de logements très sociaux, par exemple par la réhabilitation de logements anciens, pour diminuer l'artificialisation des sols. 

IV - Le patrimoine géologique et archéologique. - Il est important sur le territoire d'implantation du projet : habitats successifs depuis la préhistoire, stratotype international de la limite Campanien -Maestrichien à Tercis . - Logiquement, la DRAC a demandé des fouilles préventives (lettre du 23/08/23) mais le Préfet de région n'a pas donné suite (lettre du 28/04/23 dans le dossier 8-2), jugeant que c'était inutile. - Est-ce pour "compenser" qu'il est prévu un "volet archéologique par la valorisation des vestiges archéologiques locaux au sein d'un parcours pédestre" ? La forme plutôt que le fond ? 

V - Financement du projet. - En premier, ce sont les collectivités locales qui financent le projet : "renforcement ou création d'équipements publics, "investissements en terme de voiries, réseaux humides et secs". Ce sont de lourds investissements publics. - Pour les financer, les communes concernées doivent reverser 20 % de la taxe d'aménagement perçue, il s'y ajoutera un reversement spécifique. Donc des fonds publics qui devraient être consacrés à des projets d'intérêt général sont affectés à un projet privé qui ne concernera qu'une petite partie de la population. De plus, ce projet ne génèrera qu'une 10 aine d'emplois en phase d'exploitation. - L'estimation des recettes est basée sur la vente de lots résidentiels et la fréquentation du golf : potentiel de 430 abonnés et 870 joueurs occasionnels / an. Ces estimations nous paraissent optimistes. 

Conclusion. - Ce projet est basé sur des perspectives de développement économique qui nous apparaissent incertaines : les dérèglements climatiques, quand ils ne sont pas anticipés, ruinent l'économie d'un territoire. - Nous remarquons aussi que les règlementations, régissant les enquêtes publiques concernant des projets à fort impact environnemental ,sont en retard par rapport à celles qui seraient nécessaires pour l'atténuation et l'adaptation. 

Europe Ecologie les Verts Landes émet un avis défavorable au projet Harmana. 

crédits photo : Golfible, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons carte extraite de GOLF DU GRAND DAX - NOTE DE PRÉSENTATION NON TECHNIQUE