LGV Bordeaux-Toulouse / Bordeaux-Dax : un sondage ne saurait masquer les alertes de l’Autorité environnementale

Communiqué de presse du pôle parlementaire opposé au projet de Lignes Nouvelles du Sud-Ouest
le 8 octobre 2025

Alors que l’Autorité environnementale vient de rendre un avis sévère sur le projet de Lignes Nouvelles du Sud-Ouest, pointant de nombreuses insuffisances dans l’évaluation des impacts écologiques et climatiques, un sondage commandé par SNCF Réseau prétend démontrer que 87 % des habitants du Sud-Ouest y seraient favorables.

Cette communication opportuniste vise à détourner l’attention du fond du dossier. L’avis de l’Autorité environnementale est pourtant sans ambiguïté et l’essentiel du constat est sévère : les mesures de compensation censées répondre aux impacts environnementaux du projet sont jugées incomplètes, trop générales et, surtout, dépourvues de la précision et de la rigueur que l’on est en droit d’attendre d’un dossier de cette envergure. Il est notamment mentionné qu’aucune donnée claire n’est fournie sur les surfaces concernées, qu’aucune cartographie homogène n’est proposée, que les espèces affectées ne sont pas correctement identifiées et qu’aucun calendrier détaillé n’est présenté pour garantir la mise en œuvre des compensations. En l’absence de ces éléments, il est impossible de démontrer que la destruction des milieux naturels pourrait être réellement compensée.

L’Autorité souligne par ailleurs que ces compensations devraient intervenir avant que les atteintes ne surviennent, faute de quoi certaines pertes écologiques deviendraient irréversibles. Or, le dossier se contente de promesses vagues, sans engagement ferme sur le moment ni sur les modalités de leur application. Cette imprécision récurrente est d’autant plus préoccupante qu’elle traduit une absence de préparation sérieuse et met en cause la crédibilité de l’ensemble du projet.

Quant au sondage, il ne saurait tenir lieu de débat public. La formulation de la question ne mentionne aucun des enjeux environnementaux majeurs du projet, orientant ainsi la réponse des participants. Il évite soigneusement d'évoquer l'absence de financement, occultant l'impossibilité de dégager les moyens nécessaires étant donné la situation budgétaire de l’État. Il ne fait pas non plus état de la chute de la part européenne du financement du projet (20% du total) et de son possible report sur les citoyens via la taxe spéciale d'équipement (TSE).Enfin, le fait que l’autorité gestionnaire du projet soit à l’origine même de l’enquête crée un évident conflit d’intérêt et remet en cause la crédibilité de l’opération.

C’est pourquoi nous réaffirmons notre opposition à ce projet de LGV. Nous redisons également que l’argent public doit être investi dans l’amélioration des lignes existantes et des dessertes du quotidien, seules à même de répondre concrètement aux besoins de mobilité et aux exigences de la transition écologique, plutôt que dans une
infrastructure dont les fondements environnementaux apparaissent aussi faibles et contestables.

Nous appelons par ailleurs à ce que les citoyens soient pleinement informés et que les décisions publiques se fondent sur des évaluations indépendantes, transparentes et complètes, et non sur des sondages biaisés. Nous rappelons par exemple que les résultats de l’enquête publique menée en 2024 concernant les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB) faisait état de plus de 90% d'avis négatifs.

L’urgence climatique impose une autre rigueur, et une autre priorité : préserver les territoires avant de les traverser à grande vitesse.

Le Pôle parlementaire :
Sénatrices et Sénateurs : Monique de Marco, Hervé Gillé, Laurence Harribey, Florence Lassarade
Député.es : Colette Capdevielle, Peio Dufau, Mathilde Feld, Sophie Mette, Loic Prud’homme, Nicolas Thierry