Pure Salmon pris dans les mailles du filet

Communiqué de Presse Groupe Ecologie et Solidarités au département de la Gironde
15 octobre 2024

Une nouvelle fois, Pure Salmon peine à faire croire que son projet d’usine à saumons est sérieux. Dans son avis du 7 octobre, la Mission Régionale d’Autorité environnementale (MRAe) fait état des nombreuses insuffisances de l’étude d’impact produite par le porteur de projet.

Pure Salmon a beau prétendre que tout baigne, personne n’est dupe. Après son avis défavorable au projet du 20 novembre 2023, la commission locale de l’eau (CLE) du SAGE Nappes profondes a émis le 13 mai 2024 un avis de compatibilité avec le SAGE, sous réserve des résultats d’une contre-expertise par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), pour s’assurer de la fiabilité des informations soumises par Pure Salmon. La MRAe rappelle que les résultats de l’étude du BRGM sont “déterminants pour mesurer les incidences potentielles du projet sur la ressource en eau.”  

Les enjeux liés à la ressource en eau sont cruciaux car il s’agit de préserver la potabilité de l’eau des nappes profondes. Pourtant, Pure Salmon est incapable d’évaluer ses besoins avec sérieux et il est bien difficile de le croire. Rappelons l’échec de son implantation à Boulogne-sur-Mer pour un même projet de production de 10000 tonnes de saumons par an. La MRAe note justement les écarts gigantesques des besoins en eau entre le projet de Boulogne-sur-mer et celui au Verdon-sur-Mer.

“Pure Salmon s’embourbe de nouveau ! Il leur fallait 1500 m3 d’eau par jour, ils en ont désormais besoin de 6500 m3 ! Qu’est-ce qui justifie un tel écart ?” – Maxime Ghesquiere, membre de la CLE du SAGE Nappes Profondes

Ce n’est pas mieux du côté de l’exutoire des rejets. 

Vingt-sept tonnes de boues seront produites par jour à l’issue du traitement des eaux sans que l’étude d’impact ne précise la localisation de l’unité de méthanisation pressentie et sa capacité à traiter les boues ainsi générées.

Les rejets en nitrates et en phosphates n’ont fait l’objet d’aucune estimation quantitative. Si des mesures mensuelles seront effectuées pour surveiller les rejets, pour ce qui est des graisses, des chlorures, du PH et de la température, rien ne semble prévu si les seuils réglementaires venaient à être dépassés. 

Pure Salmon prétend aussi qu’aucun antibiotique ou pesticide ne sera utilisé dans l’usine et rien n’est prévu non plus pour soigner les poissons en cas de maladie, et donc aucune analyse des risques de contamination des eaux par les polluants issus de ces traitements.

“Pure Salmon semble adopter une approche optimiste, comme si tout devait se dérouler parfaitement. Leur faire confiance sans réserve alors qu’ils n’ont pas l’expérience d’une telle production de saumon et qu’ils ne cessent de faire évoluer leurs données depuis l’annonce du projet est insensé. Nous parlons des risques qui peuvent peser sur la ressource en eau, la biodiversité, et l’activité économique de la région, on ne peut pas se contenter d’approximations permanentes ! ” – Nicolas Thierry, Député de Gironde

L’étude est aussi “très sommaire” concernant le volet énergétique et le bilan des émissions de gaz à effet de serre. Les insuffisances de l’étude d’impact sur le volet énergétique et le bilan des émissions de gaz à effet de serre sont aussi relevées avec insistance par la MRAe qui se voit contrainte de donner des documents de référence à Pure Salmon pour qu’il sache comment étayer et présenter ces informations pourtant essentielles dans une optique de sobriété énergétique et de réduction des gaz à effets de serre.

“La MRAe se voit contrainte de donner des documents de référence à Pure Salmon pour qu’il sache comment étayer et présenter des informations sur des sujets aussi essentiels que l’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Sur ces sujets comme sur l’eau, un tel amateurisme n’inspire pas confiance.” – Laure Curvale, Co-Présidente du groupe Écologie et Solidarités du Département de la Gironde

La MRAe relève aussi que Pure Salmon se contente de considérer que la zone d’étude n’est pas concernée par un risque d’inondation

“Le site du Verdon est à risque et ce projet menace la ressource en eau.” – Christine Seguinau, Co-Présidente du groupe Écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle-Aquitaine

Par ailleurs, la MRAe souligne que l’étude d’impact produite par Pure Salmon est également peu développée sur l’effet du projet sur la faune et la flore marines, notamment à proximité immédiate du point de rejet.

“Depuis des décennies nous avons œuvré et engagé des enveloppes publiques importantes pour préserver l’écosystème de l’estuaire et ses espèces patrimoniales remarquables comme l’alose, la lamproie, l’anguille et l’esturgeon. Pure Salmon menace sévèrement ce fragile équilibre ainsi que les activités économiques qui en découlent.” – Benoît Biteau, Député de Charente-Maritime 

Cet avis de la MRaE vient étayer ce que les associations locales et nationales dénoncent depuis la présentation de ce projet d’usine à saumons.

“Récemment dénoncées comme une “bombe écologique et sociale” par Seastemik et Data for Good, les usines d’élevage intensif de saumon ne représentent pas un modèle d’avenir, elles font au contraire peser des risques trop importants aux territoires !” – Monique de Marco, Sénatrice de la Gironde 

L’avis de la MRaE sur l’étude d’impact du projet Pure Salmon, piloté par le fonds d’investissement 8F Asset Management, démontre à nouveau leur inexpérience et leur manque de sérieux.

« Ce projet incarne une logique où l’économie prime sur la préservation de la nature. Ses conséquences ne seraient pas uniquement régionales, mais planétaires. Au-delà de la menace qu’il fait peser sur la ressource en eau, il compromet gravement notre souveraineté alimentaire et aggrave les inégalités sociales entre les pays riches et les pays pauvres.
En s’appuyant sur un modèle de production basé sur le soja, les farines animales et les huiles de poisson, ce projet accélère la déforestation et détruit des écosystèmes marins essentiels, mettant en péril la survie des communautés locales qui en dépendent. Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu environnemental, c’est avant tout une question de justice sociale. 
Il est urgent de réencastrer notre économie dans les limites planétaires. Ne laissons pas ce projet écocidaire voir le jour. » – Marie Toussaint, Député européenne