Projet e-CHO sur le bassin de Lacq : déjà un projet du passé

Depuis plusieurs mois, Elyse Energy, sous l’égide de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public), a présenté son projet e-CHO dans le cadre de la concertation préalable. 

Celle-ci sera poursuivie par une enquête publique durant l’année 2024.  Les Écologistes - EÉLV Béarn ont participé à ces réunions publiques et largement contribué au débat lors de nombreuses interventions. Et le moins que l’on puisse dire est que ce projet porte mal son nom.  

Quand on parle d’écho, on s’attend toujours à une réponse. Et sur le coup, celui-ci ne suscite que des interrogations.

Les Écologistes - EÉLV Béarn s’inquiètent de ce méga-projet e-CHO

Les Écologistes - EÉLV Béarn s’inquiètent de ce méga-projet et de l’enthousiasme entier qu’il emporte chez Patrice Laurent, président de la CCLO (Communauté des Communes Lacq-Orthez) ou chez le député David Habib.  

Si ses 3 sites de production ambitionnent de « décarboner » le transport maritime et aérien, cela se fera à un prix exorbitant. Au-delà de l’investissement nécessaire chiffré à 2 milliards d’euros, la dimension industrielle du projet impliquera des prélèvements massifs en ressources naturelles pour répondre à la demande actuelle en carburants, à des coûts largement supérieurs à ceux des énergies fossiles.  

Alors que les études d’impact sur les milieux naturels locaux et la biodiversité qu’ils hébergent sont manquantes, et que l’avion reste le mode de transport le plus inégalitaire au monde, Elyse Energy s’abrite notamment derrière une législation européenne, susceptible d’évoluer, imposant des seuils de 6% de « Carburants d’Aviation Durables » en 2030 et jusqu’à 70% en 2050. Un facteur de risque non négligeable en réponse à la promesse de création de centaines d’emplois et leur pérennité. 

Bien sûr, la transition de la plateforme de Lacq a déjà commencé et il est important de capitaliser toute l’expertise accumulée depuis des décennies. 

Cependant, si les enjeux de la décarbonation sont louables sur le papier, ils ne peuvent plus être pensés sans une remise en cause intégrée de nos manières de produire et de nous déplacer.  

Pour ne reprendre que l’exemple de l’aérien et dans la philosophie du projet, ils visent en l’état à poursuivre la croissance du secteur, l’augmentation du trafic et d’un tourisme de masse accessible aux plus privilégié·es, sans non plus se questionner sur le bouleversement des équilibres naturels locaux. 

Intervention de Marcel Bunel, adhérent EELV Béarn lors d'une réunion publique à propos du projet E-cho

Une fausse bonne idée pour la transition écologique, accélérant les effets du réchauffement climatique

Une fausse bonne idée pour la transition écologique, accélérant les effets du réchauffement climatique que ces « carburants verts » se disent combattre, en toute déculpabilisation pour les industriels, et sans répondre aux problématiques sociétales des habitant·es du territoire.   

Un tel investissement, inscrit dans les réalités climatiques et sociales d’aujourd’hui, pourrait plutôt permettre d’engager une réelle réflexion sur les enjeux locaux et transformations nécessaires de la mobilité, de former les jeunes de notre territoire à la transition énergétique, à la préservation de la biodiversité, de repenser un modèle agricole béarnais à plus faible demande hydrique, de développer les filières de rénovation thermique, ou encore de travailler sur les enjeux du futur en matière de services publics (logement, mobilité, éducation). 

Ne serait-il donc pas politiquement plus courageux et responsable de miser sur des nouveaux métiers et des technologies plus résilientes, respectant le droit du vivant ?  

Un projet où chaque citoyen·ne se sente réellement écouté·e, partie prenante et rassuré·e sur le développement et la pérennité de son environnement ?

Intervention de Michel Rebelle, adhérent EELV Béarn lors d'une réunion publique à propos du projet E-cho

Trois points fondamentaux démontrent le caractère écocide du projet e-CHO

En effet, trois points fondamentaux déjà pointés par la SEPANSO et le CADE notamment, démontrent le caractère écocide et déconnecté des problématiques locales du projet, sacrifiant au passage une partie de nos forêts, notre eau, notre air, dans un espace déjà impacté et fréquemment source d’inquiétudes quant à la santé de ses habitant·es et familles.

  • Premier sujet, l’impact du prélèvement massif de 300 000 tonnes de biomasse sèche dans les forêts pyrénéennes, landaises, du Périgord et même du pourtour méditerranéen, puis de son acheminement et de sa transformation. Dans une filière déjà sous haute tension, il est difficile d’imaginer un prélèvement d’une telle quantité sans conflit d’usages. Les ordres de grandeur en matière de consommation des ressources sont démentiels : l’équivalent de 140 km2 de forêts rasées sur 5 ans et l’utilisation de 1% de la production annuelle électrique française, pour produire sur le site de Pardies… 1,3% des besoins en kérosène pour l’aviation française !
  • Deuxième sujet, celui de l’eau et de ses 7,7 millions de m3 prélevés tous les ans dans le gave de Pau. Quand on connait les effets déjà observables du débit de nos cours d’eau et la diminution des hauteurs de neige accumulées, il est facile de se projeter dans un futur où ce détournement, à des fins industrielles, mettrait en danger tout l’hydrosystème béarnais et basque et donc... le projet e-CHO lui-même !
  • Troisième sujet et non des moindres, la production de 72 000 tonnes d’hydrogène par électrolyse à Mourenx. C’est là le cœur du projet e-CHO. Alors que la plus importante production d’hydrogène par électrolyse au monde atteint seulement les 3 000 tonnes par an dans l’usine canadienne d’Air Liquide, on peut légitimement s’interroger sur les prouesses technologiques qui vont permettre à Elyse Energy de multiplier par 24 les meilleures performances industrielles actuelles.

Alors oui, en ce sens, le projet e-CHO est déjà un projet du passé, laissant penser que progrès technique et décarbonation nous permettront de faire fi des limites planétaires et de vivre « comme avant ».  

Les Écologistes - EÉLV Béarn mettront tout en œuvre pour que ce projet rejoigne la longue liste des projets écocides et inutiles.   

 Pour Les écologistes – EELV Béarn  

 Mathilde Collinet Charles Pierre Michel Rebelle

Crédits illustrations : Pexels