Reconstruction des campings au Pyla : quel avenir ?
Suite aux incendies survenus l’été dernier, Emmanuel Macron a promis aux propriétaires des cinq campings sinistrés au pied de la Dune du Pilat la reconstruction éclair de leurs établissements. L’objectif serait de rouvrir avant l’été prochain. Si l’engouement d’une reconstruction rapide s’est directement précisé, les « adaptations aux nouvelles réglementations » restent pourtant floues. Vital Baude, élu régional écologiste, lance l’alerte sur ces zones d’ombres. Peu d’informations sur les travaux L’inquiétude de l’élu régional porte sur l’absence d’informations et de transparence concernant ces reconstructions. Les travaux ont déjà commencé pour certains campings et pourtant, aucun permis de construire n’a été à ce jour accepté. Il n’y a donc pas la possibilité de consulter ces permis et ainsi lever le voile sur les interrogations que suscitent ces reconstructions. Selon Patrick Davet, maire de La-Teste-De-Buch, les campings feraient l’objet d’une « dérogation d’Emmanuel Macron ». La question est : qu’est-ce-qui se cache derrière cette dérogation? Si tous les efforts semblent être faits pour paraître en règle, le maire et les gérants n’en restent pas moins silencieux sur les inquiétudes principales de Vital Baude. Théoriquement, ils devraient respecter la limite de 35 mobiles-homes, ce qui aurait déjà du être respecté depuis des années, mais il n’y a aucune information concernant l’esthétisme, les matériaux ou encore le caractère écoresponsable de ces derniers. L’écoresponsabilité dont chaque structure doit faire preuve pour prétendre vouloir préserver l’environnement, ne se résume par le respect de 35 mobiles-homes ou d’arbres plantés. Le site exceptionnel de la Dune du Pilat mérite une attention particulière et une réelle prise en compte de son écosystème fragilisé, ainsi que de sa mobilité. L’environnement au coeur des inquiétudes Le couvert végétal qui cachait partiellement les campings a disparu. Vital Baude s’inquiète de voir une succession de mobiles-homes, camping-cars et voitures désormais largement visible. Le risque est grand d’offrir un paysage de parking en lieu et place de la forêt. Pour l’élu régional,
« Ce n’est pas acceptable quand on sait tout l’investissement financier et humain qui a été réalisé dans le but d’obtenir le label Grand Site de France.»En effet, la pollution visuelle générée par les campings pourrait mettre un coup d’arrêt à cette labellisation. Érosion dunaire : une obsolescence programmée des campings Dans un rapport publié par la BRGM sur l’estimation du trait de côte aux horizons 2040-2100 de la Dune du Pilat au Banc pineau, les distances moyennes de recul obtenues par rapport à 2009 sont d’environ -100m en 2040 et -290m pour 2100. Les emplacements des dits camping sont donc concernés et pourtant, cela n’a pas l’air d’émouvoir les gérants. Le Bassin d’Arcachon est un territoire en 1ère ligne face à l’accélération du dérèglement climatique, ce qui veut dire qu’il subira de nouveaux des incendies, mais également des tempêtes qui accélèreront cette érosion. Pour l’élu, reconstruire des installations pour les voir disparaître dans les 10 ou 20 prochaines années relèverait de l’obsolescence programmée. Selon lui,
« Au contraire, c’est vers l’écotourisme que devrait s’orienter notre territoire et donc l’éventuelle poursuite de l’activité des campings du Pyla. En plus de limiter la taille et le nombre des constructions et de choisir des modes constructifs réversibles, les campings devraient privilégier le cyclotourisme et ainsi limiter le tourisme de masse en voiture qui asphyxie notre territoire ».L’élu régional conclut en indiquant que le comble serait que des arbres épargnés par l’incendie soient abattus pour faire des pare-feu de part et d’autres des campings afin de maximiser leurs surfaces d’exploitation.
Rédaction : Victoria COUTAND